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Pandemonium, Lizi Cascile & Aivy Frog.

  • Lorène Mannarini
  • 13 oct. 2016
  • 4 min de lecture

Pandemonium, Lizi Cascile & Aivy Frog, 2016 [autopublication].

Il m'aura fallu m'asseoir Sur le Divan, près du seyant David, pour être séduite par la plume légère et agréable de Lizi Cascile. Alors, lorsqu'elle se lance dans une romance à quatre mains avec notre grenouille nationale - j'ai nommé Aivy Frog - je suis assez curieuse pour me pencher sur cette nouvelle romance. Voici donc Pandémonium... Quel titre étrange! Vous aussi vous vous posez LA question? Si je fouille un peu le bazar qui encombre ma boîte à idées, je crois qu'il s'agit d'un lieu en enfer, la maison du diable, ou quelque chose du genre, non? Le doute persiste. Donc, oui, je ne résiste pas à la tentation d'aller chercher une définition précise de ce mot. Regardons plutôt...

Pandémonium

1. Lieu où règne un désordre infernal. (Source: Le Robert pour tous, 1994).

2. Capitale imaginaire du royaume des Enfers. - Littéraire: Lieu où règne une agitation infernale, la corruption. (Source: www.larousse.fr).


Mes premières impressions...


Dès l'incipit, je me prends d'affection pour la sensible Agnia, qui me fait de la peine, et que j'ai envie de consoler. Je comprends pourquoi elle fuit, et je la soutiens très volontiers. Et d'ailleurs, moi non plus, je n'aime pas beaucoup ce Yann! Je n'aime pas l'influence qu'il a sur elle, ni cette espèce de dépendance néfaste dans laquelle il a réussi à l'enfermer... Et la capacité de Proserpine à voir clair dans son jeu est le premier trait de sa personnalité qui me séduit.


Cela-dit, l'entrée en matière de ce second protagoniste me laisse songeuse. C'est une femme forte, joueuse, surprenante. Un prénom... étonnant et original pour une dame de caractère. Pourtant, le personnage est à la fois fascinant et inquiétant. Fascinant parce que c'est l'archétype de la femme moderne, belle et sûre d'elle, qui a toujours le besoin oppressant de garder le contrôle. Inquiétant parce que je me rends compte que cette histoire pourrait prendre une tournure dérangeante...


"— Spécialement pour toi! Et ce rouge... Tu ne le trouves pas... diabolique? Je souris en me penchant sur lui."


Mes appréhensions sont vite balayées. Et plus j'avance dans ma lecture, plus je suis persuadée que Proserpine est une des forces de ce roman. Oui, le mystère plane tout autour d'elle comme une aura dangereuse. Elle est une énigme à résoudre. Qu'a-t-elle vécu? Quelle est son histoire? Pourquoi la perspective de s'attacher ou d'aimer lui fait si peur? Car sous cette impression de contrôle permanent, Proserpine vit dans une bulle précautionneuse, pour se protéger. Cela ne fait aucun doute.


"Toujours imposer une image qui montre notre force.

Ne jamais susciter la pitié."


Deux auteures. Deux narratrices.

Agnia est un ange, un papillon qui doit apprendre à voler. Elle est le symbole même de la pureté, de l'innocence, quand sa meilleure amie, Proserpine, semble à bien des égards pencher du côté obscur de la force. Mais s'abandonner pour jouer les femmes fortes n'est-il pas un leurre en lui-même? Et pourquoi amène-t-elle son amie, à qui elle tient plus que tout, dans un lieu de perdition, où la piste de danse ressemble davantage au théâtre d'une spectaculaire et dégoûtante orgie?


Vous l'aurez compris... Proserpine ne se donne aucune limite. Pourtant, sous ses excès, nous découvrons une femme en mal d'amour, un être désespérément seul, qui croit que le contrôle et le sexe pourront la délivrer. Je l'avoue, même si je comprends ce que les auteurs ont voulu mettre à jour dans cette scène, le spectacle de la boîte de nuit souillée par ces corps enivrés me déplaît. Mais Agnia - si timide, si nature, si gentille - est dans ce texte comme un rappel qu'il y a toujours une lumière pour nous sortir de la pénombre. Malgré sa naïveté, elle est l'ancre de Pro vers la délivrance.


"— J'ai voulu faire à manger. Mais il n'y avait rien dans le frigo, intervient-elle soudainement.

Gautier éclate de rire, je le fusille du regard.

— Pro ne se nourrit que du sang de ses victimes, c'est bien connu!"


L'amitié qui les lie est subliminale. Elle se comprennent sans se parler, se conseillent, veillent l'une sur l'autre comme deux sœurs. Les personnages sont riches d'un vécu qui les a modelés, très modernes dans leurs angoisses. L'une campagnarde, l'autre citadine. L'une prisonnière d'un ménage sans amour, l'autre terrassée par des phobies qui l'empêchent de vivre sa vie. Les auteures nous font parfaitement ressentir la douleur de ces dames si différentes, et pourtant si proches. Nous les comprenons. Nous, femmes de ce monde.


"Discrètement, je l'observe. "Quelle femme!" dirait le monde.

"Pauvre enfant" crie mon cœur."

La narration oscille entre les points de vue des deux amies, au lieu des sempiternels couples d'amoureux. Lizi et Aivy font de nous des témoins privilégiés des parcours de deux femmes que tout sépare, mais qui prennent soin l'une de l'autre, et c'est cette merveilleuse complicité qui nous touche, avant toute chose. Qui plus est, derrière ces lignes, nous retrouvons la perspective que d'une certaine façon, même si notre passé nous façonne, nos choix restent la clé inéluctable de notre avenir. Agnia va-t-elle finalement lâcher prise? Proserpine va-t-elle enfin se libérer de ce mal-être qui l'empêche tout simplement de vivre? Lisez, et vous saurez.


Parce que Lire, c'est aimer, rêver, et s'envoler.

Lorène Mannarini.





 
 
 

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