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La jeune fille à la perle - Tracy Chevalier

La Jeune fille à la perle de Tracy Chevalier

éditions de la Table Ronde, collection Quai Voltaire, 2000, 272 pages, 17€05.

format poche : Gallimard, collection Folio, 2002, 313 pages, 8€20.

ebook : octobre 2013, 7€99.

Résumé de l'éditeur

La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. La ville est aussi prospère que rigide. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune étant très jalouse de ses prérogatives. Au fil du temps, la douceur de la jeune fille, sa vivacité, sa sensibilité émeuvent le maître. Il l'introduit dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, la tension et la suspicion règnent dans la maisonnée, le scandale se propage dans la ville. Tracy Chevalier s'est inspirée d'un des plus célèbres et mystérieux tableaux de Vermeer, La Jeune Fille à la perle, pour écrire ce roman envoûtant sur la corruption de l'innocence. C'est l'histoire d'un cœur simple sacrifié au bûcher du génie.


Avis


Je suis fan des œuvres de Vermeer, ce peintre hollandais du XVIIème siècle, alors c'est avec plaisir que je me suis lancée dans la lecture de ce roman et que je suis partie à la découverte de ce qu'il se cache derrière le tableau de La Jeune Fille à la perle.


Cette jeune fille anonyme, dépeinte par Vermeer et dont l'Histoire ne sait plus rien et n'a pas retenu le nom, prend vie dans le creuset de l'écrivain. Tracy Chevalier la prénomme Griet et imagine son origine, son existence, son destin et ses tribulations, ses liens avec le peintre, sa personnalité dans une fiction ancrée dans le Siècle d'Or hollandais autant que dans l'univers du peintre.


Griet est l'héroïne mais aussi la narratrice du récit, c'est grâce à son regard, à son point de vue et son état affectif que toute la ville de Delf au XVIIème siècle est dépeint (des quartiers les plus pauvres aux maisons de riches bourgeois) avec toutes les us et coutumes de l'époque.


Ce n'est pas le regard de l'auteur mais bien le regard innocent d'une jeune fille, en prise à un destin particulier, qui parcoure la ville, en posant un regard neuf et candide de quelqu'un qui fait un apprentissage... celui de la vie, de sa complexité, de ses embûches, entre bonté et perversion humaine. Elle donne au récit son sens et sa tonalité.


Tracy Chevalier a donné au genre du roman historique un aspect différent, en partant d'une idée novatrice et fort intéressante.


Non seulement, son récit est historique, mais à l'image de quelques autres auteurs contemporains, elle ajoute de l'Histoire de l'Art et cherche ses personnages, moins parmi les héros nationaux que parmi les artistes - peintres, comme ici avec Vermeer, ou bien tapissiers et lissiers dans La Dame à la Licorne.


Aux difficultés présentées par le roman historique traditionnel, elle ajoute les embûches proposées par l'Histoire de l'Art. Il lui faut, en effet, non seulement situer ses personnages au sein d'une époque, mais au sein d'un courant artistique. Elle s'est donc documentée sur les événements de l'époque, mais aussi sur les us et coutumes, mentalité, visions et technique des artistes mis en scène; comme quelques autres auteurs avant elle, tels que Théophile Gautier avec Mademoise de Maupin au XIXème siècle ou Henri Perruchot avec La Vie de Van Gogh au XXème.


Mais l'auteur corse encore la difficulté, en choisissant ses héros non seulement dans l'entourage du peintre, mais parmi les personnages - attestés par l'Histoire ou anonymes - donnés à voir dans ses peintures et tableaux. Tout ce qui concerne le personnage principal - Griet -, mais aussi pour certains personnages secondaires. Ainsi nous retrouvons, au fil des pages, les tableaux suivants :


  • La Laitière (1660) avec le personnage de Tanneke

  • La Jeune fille à l'aiguière (1665) avec la fille du boulanger

  • La Femme au collier de perles (1664) avec la femme de Van Ruijven

  • Le Concert (1666) avec la soeur et la fille de Van Ruijven

  • Le Géographe (1668) et L'Astronome (1669) avec Van Leeuwenhoek

  • et bien évidemment La Jeune Fille à la perle (1665) avec le personnage de Griet.

Jeu et exercice nouveaux, dans lesquels d'humbles anonymes trouvent vie et vigueur, sortent de leur mutisme où les ont confinés à la fois la mémoire des siècles et la peinture, enjambent le cadre de leur devenir pictural pour aller et venir, penser, agir et participer activement à l'action.


Ici, Tracy Chevalier fait de la jeune fille du tableau de Vermeer la narratrice du récit: c'est de son point de vue et de lui seul que nous serons censés lire - et connaître - Vermeer, l'Ecole de peinture de Delf, la vie de la cité et le XVIIème siècle hollandais.


C'est de la vie imaginée - et imaginaire - de la jeune Griet que l'Histoire prendra vie pour nous. Un point de vue inédit autant qu'original et novateur.

Adaptation cinématographique

La Jeune Fille à la perle a été adapté au cinéma par Peter Webber, sous le titre Girl with the Pearl Earring - titre du roman en anglais -, avec dans le rôle de Griet, Scarlett Johansson, et dans celui de Vermeer, Colin Firth.



Le film, sortit sur les écrans français le 3 mars 2004, a reçu le Grand Prix et le Prix du Public au festival du film anglais de Dinard en 2003.





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