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Hommage à Alan Rickman (1946-2016)

"Quand j'aurais 80 ans et que je serais assis dans ma chaise à bascule,

je lierai Harry Potter. Et ma famille me dira, 'Après tout ce temps?'.

Et je répondrai, 'Toujours.", Alan Rickman.

Notre rencontre

Je l’ai découvert quand j’étais adolescente, alors que je regardais Die Hard, film d’action dans lequel Alan jouait le méchant. Donnant la réplique à Bruce Willis, il y incarne le leader d’un groupe de criminels de haut-vol. Déjà à l’époque, je l’avais trouvé très bon acteur. Mais en lectrice chevronnée, je me devais bien évidemment de donner un minimum de crédit à Sense and Sensibility (1995), adaptation cinématographique du roman intitulé Raison et sentiments, signé par la formidable Jane Austen. Et, je l'avoue en rougissant un peu, je suis tombée amoureuse de sa voix! Comment aurait-il pu en être autrement, quand le colonel Brandon fait la lecture à Marianne ?


Un incroyable palmarès!

Alan Sidney Patrick Rickman est né à Londres, d'un père irlandais, et d'une mère galloise. Il monte sur scène, pour la toute première fois, à sept ans ! La pièce s’intitule King Grizzli Bear. Il étudie le graphisme à la Chelsea College of Art and Design où il rencontre l’amour de sa vie, Rima Horton, future politicienne britannique, qu'il épousera en 2012. Pendant trois ans, il dirige une équipe de dessinateurs techniques, puis crée une société de graphisme : Graphiti9. A vingt-six ans - et pour notre plus grand plaisir - il obtient une bourse pour la Royal Academy of Dramatic Art.


Une fois diplômé, il fait du théâtre, et même, en 1975, une comédie musicale. Trois ans plus tard, Rickman rejoint la troupe de la prestigieuse Royal Shakespeare Company, et brûle les planches. Il dira d'ailleurs " « Au théâtre, vous pouvez vous montrer tel que vous êtes réellement, ou bien vous dissimuler. Vous pouvez révéler des choses ou bien les taire. En conséquence, il arrive que chaque identité parmi le public découvre une vérité sur elle-même, ou ne la comprenne pas. Je pense que le rôle du comédien est de faire en sorte que le spectateur ne quitte pas le théâtre en pensant simplement : « C'était bien... où est la voiture ? ».


Mais le cinéma l'attire plus que tout, et dès qu'il joue Hans Gruber dans Die Hard, en 1988, sa carrière s'envole! On l'a vu dans des films mémorables, dont Robin des bois, prince des voleurs (de Kevin Reynolds, en 1991), Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street (de Tim Burton, en 2007), Alice au pays des merveilles (de Tim Burton, en 2010)...et bien évidemment, dans la saga d'Harry Potter, qui me semble incontournable. Le professeur Severus Rogue ne pouvait pas rêver mieux: Alan est définitivement notre Prince de sang-mêlé!


Il s'est également investi dans l'écriture de scénarios et la réalisation de deux films: L'invitée de l'hiver (en 1997) et Les jardins du roi (sorti en France en 2015). Le premier est l'adaptation cinématographique d'une pièce de Sharman Macdonald, qui raconte le parcours difficile de huit personnages confrontés à la mort. La critique a salué la force et l'intensité de ce film, ainsi que le jeu d'Emma Thompson. Le second invite le spectateur dans les jardins du Château de Versailles, durant le règne de Louis XIV. Son avant-première a eu lieu au Festival international du film de Toronto 2014.


Ce que je retiendrais...

Sa lecture du Sonnet 130 de William Shakespeare ma fascine tant, que je peux l'écouter tout le jour durant! Est-ce la poésie exaltante de son auteur, ou cette voix cristalline? Peut-être l'alliance des deux... Ecoutez plutôt!


"My mistress' eyes are nothing like the sun"

My mistress' eyes are nothing like the sun; Les yeux de ma maîtresse n’ont rien de comparable à l’éclat du soleil ; Coral is far more red than her lips' red; Le corail est plus rouge que n’est le rouge de ses lèvres ; If snow be white, why then her breasts are dun; Si blanche est la neige, pourquoi donc ses seins sont grisâtres ; If hairs be wires, black wires grow on her head. Si de fils d’or, les cheveux se doivent d’être, de sombres poussent sur sa tête. I have seen roses damask'd, red and white, J’ai vu des roses damassées, zébrées de rouge et de blanc, But no such roses see I in her cheeks; Mais de roses pareilles ne vis-je sur ses joues ; And in some perfumes is there more delight Et dans certains parfums, je trouve plus de délices Than in the breath that from my mistress reeks. Que dans le souffle que ma maîtresse exhale. I love to hear her speak, yet well I know J'aime l'entendre parler, bien que je reconnaisse That music hath a far more pleasing sound; Que la musique est un son bien plus plaisant ; I grant I never saw a goddess go; J’accorde n’avoir jamais vu une déesse se déplacer ; My mistress, when she walks, treads on the ground: Ma maîtresse, quand elle marche, pèse sur le sol; And yet, by heaven, I think my love as rare Et pourtant, par le ciel, je pense mon amour aussi rare As any she belied with false compare. Que toute dame calomniée par de fausses comparaisons.

Sonnet 130, William Shakespeare.

(Merci à Val Mao pour la traduction!)

Alan Rickman laisse un héritage très riche. Il savait transmettre sa passion pour la littérature, le théâtre et le cinéma. Il était si doué pour donner vie aux personnages qu'il incarnait, pour leur donner une voix, et une prestence qu'il restera pour toujours dans les annales du théâtre et du cinéma.


C'est donc avec une larme à l'oeil,

que j'adresse mes plus sincères condoléances à sa famille.

Reposez en paix, Alan.

Lorène Mannarini

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