Impératrice – Shan Sa
- Liameen
- 27 janv. 2016
- 3 min de lecture
Impératrice – Shan Sa
Roman paru aux éditions du Livre de Poche, septembre 2004, 446 pages, 7,50€.

Elle est née dans la fabuleuse dynastie Tang du VIIe siècle.
Elle a grandi au bord du fleuve Long, où elle apprenait à dompter les chevaux.
Elle est entrée au gynécée impérial où vivaient dix mille concubines.
Elle a connu les meurtres, les complots, les trahisons. Elle est devenue impératrice de Chine.
Elle a connu la guerre, la famine, l'épidémie.
Elle a porté la civilisation chinoise à son apogée.
Elle a vécu entourée de poétesses, de calligraphes, de philosophes.
Elle a régné sur le plus vaste empire sous le ciel, dans le plus beau palais du monde.
Elle est devenue l’Empereur-Sacré-Qui-Fait-Tourner-La-Roue-d’Or.
Son nom a été outragé, son histoire déformée, sa mémoire effacée. Les hommes se sont vengés d’une femme qui avait osé devenir empereur.
Pour la première fois depuis treize siècles, elle ouvre les portes de sa Cité interdite. Il n'y a pas de vraiment de résumé possible pour ce roman à la première personne qui retrace une vie de souvenirs. Ce livre, c'est la Chine du VIIe siècle, concentrée autour d'une femme qui a révolutionné un empire en allant contre toutes les traditions cloisonnant ses semblables. C'est le portrait, l'autobiographie, d'une impératrice unique en son genre qui n'était qu'une femme et qui s'est sacrifiée pour la prospérité de la Chine.
S'il y a quelques longueurs, on les pardonne facilement à l'auteur car elle nous met sous les yeux une Chine flamboyante, pleine de couleurs et de traditions, mises en valeurs par les innombrables descriptions des costumes, des processions et des rituels qui rythment la vie de la Cité interdite. On entre par la grande porte dans le quotidien des femmes de la Chine ancienne, que nous ne connaissons aujourd'hui généralement par les yeux des hommes, lors des grandes batailles. Après tout, en France nous étions au Moyen Âge avec quelques découvertes agricoles, alors que l'Orient vivait son âge d'Or et inventait les feux d'artifice !
Au début du roman on ne peut s'empêcher de se demander comment une petite fille telle que Lumière, bien que de noble naissance, pourra accéder au trône, et pourtant, les lignes passant, le caractère affirmé de l'enfant nous fait réviser notre jugement : cette petite a de l'avenir. Ce personnage est attachant et, malgré les quelques soupçons d'orgueil qui paraissent ici ou là, surtout à la fin de sa vie (excusés par l'âge), reste modeste face à ce qu'elle a accompli.
Parce que la narration est à la première personne, il n'y a que très peu de dialogues, ce qui rend le récit très fluide et l'écriture souple, contre toute attente. Ainsi, les descriptions sont peut-être longues mais nécessaires à l'évolution du personnage et de son entourage. Ce qui d'ailleurs m'a paru dommage, c'est qu'il y avait beaucoup de personnages secondaires mais qu'ils étaient très peu exploités. Dans le cas d'une autobiographie romancée, cela peut aisément se comprendre : l'auteur se concentre sur le personnage principal et les secondaires restent secondaires. Malgré tout, certains étaient très pertinents, voire attachants, et j'ai regretté qu'ils soient écartés si vite.
Au final, j'ai beaucoup aimé Impératrice que j'ai relu plusieurs fois avec le même plaisir, car il n'y a aucun temps mort dans ce roman et chaque lecture apporte de nouveaux détails aux paysages. Ce livre m'a donné envie de mieux connaître cette époque, d'aller voir plus loin que les clichés : c'est un autre regard sur la Chine ancienne que Shan Sa nous propose, mais féminin et ainsi très subtil.

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