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Marche ou crève - Stephen King


Roman paru aux éditions J'ai lu, février 1992 (première parution en VO en 1979, VF en 1989), 346 pages, 6,70 €.

"Nous sommes en suspens dans le temps." p. 291

La Longue Marche, événement annuel qui rassemble 100 jeunes garçons le 1er mai, dans cette Amérique affamée de massacres. C'est un huis-clos en plein air, à 6,5 km/h, dont les protagonistes n'ont pas encore saisi ce qu'ils font là, jusqu'à ce que les fusils claquent pour la première fois, mais même cela ne donne pas la véritable raison de leur présence.

Ray Garraty, numéro 47, champion du Maine, est un garçon banal, qui pourtant participe, et joue même à domicile. Il ne pense pas vraiment à gagner, juste à atteindre Freeport, à plus de 500 km du point de départ, pour voir sa mère et sa petite amie. Il est là sans véritable raison, et pourtant... Il ne pense à gagner, à vivre !, qu'à la page 312, au bout de quatre jours sur la route, après avoir vu les deux femmes de son existence.

Pendant cette "course", marchent ensemble des Mousquetaires, un peu d'humanité dans cette folie organisée, où l'on termine la partie en recevant son ticket. Un ami, McVries, qui lui sauve la vie plusieurs fois. Une némésis, Stebbins, immuable, increvable. La Route. La Foule. Et le Commandant.

Marche ou crève, un titre, un slogan. Ce n'est pas un concours ou une épreuve, c'est un suicide collectif, organisé, inconscient, célèbre, suivi par des millions de personnes.



Avec cent personnages, Stephen King a de quoi faire, et s'il fait des ellipses rapides sur presque la moitié d'entre eux, le reste a son moment de gloire, garçon par garçon, aucun ne meurt de la même façon que les autres. Et la Folie guette, parce que le Lecteur fait partie des Marcheurs.

Il n'y a pas de date, pas d'époque, c'est un "futur proche indéterminé". King a écrit ce roman à la fin des années 1970, dans sa période Richard Bachman dont date égalementRunning Man. Et Marche ou crève pourrait en être le prologue, quasiment l'introduction. C'est le même monde, la même Amérique avec son pain et ses jeux, justeavant. La même horreur sournoise et bien élevée, qui soulève le coeur et fait aimer notre petite existence bien propre.


Septième ou huitième lecture, jamais rassasiée. C'est mon livre préféré. Je ne sais pas très exactement pourquoi, mais je crois que j'aime la dystopie parce que j'ai l'impression que je n'aurai jamais à souffrir comme dans ce genre d'univers où l'Homme est fou. Alors je savoure d'autant plus mon existence.

En fait, c'est un livre prenant, épuisant : c'est King. Un roman un peu oublié dans son palmarès, mais qui vaut la peine, un peu comme Misery (qui a bénéficié d'une adaptation, ça aide légèrement). Un livre à lire quand on est jeune, à relire quand on se croit adulte. Un livre choc, comme il en existe si peu, et dont l'auteur s'est spécialisé dans l'horreur et le fantastique, qu'il rassemble ici, discrètement, en marchant tranquillement à 6,5 km/h.


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